Comme nous l’avons dit dans notre décryptage des images teasers, Eternal Sunshine se résume par les mots souvenirs, illusions et rêves. On commence la chanson assez fort avec les paroles :

“Si tu pouvais ne garder qu’un seul souvenir

Quel moment choisirais-tu de garder en mémoire ?

Si je devais garder qu’un seul souvenir

Ce serait ce moment”

C’est ainsi que les choses sont posées, nous sommes donc dans un moment suspendu dans le temps qui représente le souvenir que les Ateez souhaitent garder en mémoire, peut-être parce que celle-ci est en train de s’effacer. Lorsqu’on idéalise un souvenir, le moment devient exceptionnel car on ne retient que le positif. Ainsi, le décor est ponctué par des couleurs flashs, mises un peu partout sur des surfaces qui pourraient être en réalité grises et sombres.

La succession et l’accumulation des saisons indiquent aussi une temporalité perturbée, là où les souvenirs s’illustrent au travers des saisons, ces derniers étant ancrés profondément dans l’âme du rêveur qui a passé de nombreuses années à cultiver ces souvenirs.

De plus, la neige prédominante que nous voyons est intéressante car les flocons symbolisent bien souvent le côté éphémère des souvenirs qui fondent, mais avant cela, ils s’accumulent pour se transformer en neige qui recouvre et suspend le temps. La pureté de la couleur blanche ajoute aussi aux sentiments sincères qui ont été vécus. Pourtant, lorsque la neige tombe en été, il est dit dans plusieurs significations que cela est un mauvais présage.

Autre élément important de ce MV, le train. La signification de ce mode de transport est assez identique dans les rêves et les animations japonaises.

Pour commencer, le train est à la croisée des mondes. Il traverse l’espace entre deux lieux et le temps. On passe ainsi d’une histoire à une autre, d’un monde à un autre où les péripéties vécues quelque part sont laissées derrière. Le train peut donc devenir un monde à part entière grâce à son habitacle particulier où un microcosme se crée. Le temps y semble suspendu, marquant sa séparation du monde normal puisqu’on nous impose un nouvel espace-temps dans l'habitacle, où la perception du temps est modifiée.

C’est également un huis clos pouvant être une prison temporelle ou spatiale dont il est difficile de sortir. Mais cette “prison” peut aussi être, au contraire, un refuge selon les interprétations. Une bulle hors du monde extérieur, selon qui ou quoi conduit le train. En tous cas, il symbolise surtout la destinée où il y a un avant et un après au terme du voyage.

Dans le cas de ATEEZ, ce train dans lequel ils se retrouvent tous petit à petit est une succession de wagons présentant leurs souvenirs. C’est-à-dire pour symboliser la rencontre / les retrouvailles successives de chacun avec les autres, avant que les souvenirs soient suspendus dans le temps et fondent comme neige au soleil. Cependant, il y a une petite différence puisque pour ATEEZ, ce n’est pas un train mais un métro qui est présenté.

D’ailleurs, les indications de la station nous renvoient à une vraie station de métro qui se trouve à New York. Comme peut l’indiquer les paroles de Hongjoong qui parle de nouveau de ruban Möbius, il y a une notion d’éternel recommencement, comme un métro qui fait toujours le même trajet en boucle. Il suffit d’un changement intérieur pour sortir à un arrêt, comme pour sortir d’un cycle sans fin.

Pour comprendre davantage la fin avant de passer à la conclusion, comme nous l’avions dit dans le premier thread sur Eternal Sunshine, la référence au film du même nom est forte. Et ce pour le côté effacement de la mémoire et le processus de souvenirs de nouveau vécu avant d'être extrait. Ainsi, dans le film, le personnage principal revit ses souvenirs avant de se faire extraire de ces derniers pour ne plus s’en rappeler.

C’est comme cela que nous pouvons peut-être expliquer le fait que Hongjoong soit traîné sur le sol dans le train, mais aussi la fin avec San et Wooyoung. Concernant Hongjoong, si nous suivons cette théorie faisant référence au film, il pourrait commencer à être extrait de son souvenir, avant que la neige vienne en premier sur lui pour suspendre le temps et le faire durer.

Pour San et Wooyoung, leurs souvenirs s’entrecroisent depuis le début où ils sont représentés en duo et San ne souhaite pas laisser Wooyoung seul dans ce souvenir sans l’y extraire avec lui.

Cela nous amène à l’autre référence de Peter Pan, que nous avons vu plusieurs fois dans l’univers de ATEEZ. Nous n’allons pas trop nous y attarder ici car nous préparons des threads références qui y reviendrons bien plus en détail.

En tous cas, l’explication hors référence fait aussi écho au Pays Imaginaire de Peter Pan, un lieu où tout est parfait. Pour ATEEZ, ils accèdent à ce pays imaginaire en dormant (référence aux paroles de Eternal Sunshine où ils parlent de s’évader de la nuit). Et à l’intérieur de celui-ci, chacun projette son propre monde, construit à partir de ses propres souvenirs.

Comme pour Peter Pan, ce pays ne forme qu’un avec eux et s’ils le quittent, s’ils sont extraits de leurs souvenirs qui bâtissent cet imaginaire, il n’y restera plus que l’obscurité. Ce pays qui satisfait donc les rêves de chacun en fonction de leurs pensées pourrait être anéanti si ce qui forge leur imaginaire s’effondre.

La volonté d’immortaliser le moment est également portée par l’image filmée par téléphone de Mingi, mais également par le moment photo de Hongjoong.

Une des symboliques de l’arbre est la mémoire. On cultive un souvenir jusqu’à ce qu’il devienne un grand arbre depuis lequel viennent nos racines. Ici, cet arbre pourrait être interprété de cette façon, où l’imaginaire de chacun est porté par ses souvenirs et sa vision émotionnelle du monde. Comme nous l’avons interprété, l’extraction des souvenirs dans Eternal Sunshine peut être symbolisée par cet arbre qui prend feu, éradiquant ainsi l’essence de leur mémoire.

C’est pour cela que nous retrouvons ce tableau d’arbre en feu dans le bunker android de Say My Name, venant chronologiquement après cette era, car ils recherchent leur identité dont la perte est symbolisée par ces arbres séchés.

Cependant, tout n’est pas perdu car ils ont réussi à garder un souvenir, le lien qui les unis, comme le montre ES et ses paroles. Et c’est totalement en adéquation avec la lecture du tableau original dans Say My Name qui représente le Dead Vlei.

Le désert et le soleil ont totalement séché les arbres qui ne se décomposent pas à cause d’une trop grande sécheresse, mais dont la structure reste en place depuis plus de 900 ans.