Diary - Golden Hour Part.1

Traduction française : Theoritiny Tous Droits Réservés © KQ Entertainment


00. INTRO

Après le lever de la lune rouge

Suite à la disparition de Z, il n'y avait pas une personne dans le monde Z qui ne connaissait pas ATEEZ. Les gens se sont divisés en deux factions : celles et ceux qui ont décidé de se libérer du contrôle émotionnel et celles et ceux qui ont choisi d'y rester soumis.

Les Black Pirates et Thunder ont établi un ordre autonome afin que ces deux factions puissent coexister.

Ce monde a été confié à celles et ceux qui l'aiment et en prennent soin, et quant à nous, nous sommes retournés dans notre monde.

Pourtant, même après notre retour, ces sentiments d'excitation ont persisté.

Les souvenirs de nos aventures et de nos batailles sont restés vivaces dans nos esprits, aussi tangibles que s'ils avaient été gravés dans notre peau.

Profitant de ces souvenirs, nous avons décidé de rêver ensemble une fois de plus.

-

Depuis, trois ans ont passé.

Et maintenant, nous vivons en dehors de nos rêves.

01. HONG JOONG

Chacun d'entre eux a sorti ses économies, rassemblant assez d'argent pour louer la salle de répétition la plus abordable pour danser et chanter. Dans ce monde, leur monde d'origine, le groupe, ATEEZ, n'était personne, mais lorsqu'ils se regardaient dans le miroir, leurs reflets leur rappelaient l'époque où ils n'étaient rien de moins que des héros dans cet autre monde. Non, c'était plutôt comme s'ils étaient « soûls » de ces souvenirs d'eux-mêmes. Et comme l'euphorie d'un bon moment passé à boire s'évanouit toujours au matin, ils se retrouvèrent face à la réalité avec une mauvaise gueule de bois. Il faut de l'argent pour rêver, et avec la nécessité de travailler pour gagner sa vie, les journées passées dans la salle de répétition étaient de moins en moins nombreuses. Même lorsqu'ils se réunissaient, il était rare que tous les membres soient présents. Mais ce n'est pas comme si Hong Joong pouvait leur reprocher d'être occupés par leur travail. Tout ce qu'il pouvait faire pour atténuer sa déception était de les saluer d'un doux-amer « C'est dommage. Faisons ce que nous avons à faire maintenant et essayons à nouveau la prochaine fois ! » Tout le monde sait qu'il est impossible de vivre uniquement de ses rêves, devenir un adulte signifie reconnaître cette dure vérité. Tout ce que Hong Joong voulait, c'était maintenir sa relation avec les membres, mais bien qu'il ait fait de son mieux pour les inviter à manger pour une rencontre rapide, même cela n’était pas simple. Bientôt, même le fait de se rencontrer une ou deux fois par an a commencé à devenir comme un accomplissement.

Pendant son temps libre, Hong Joong travaillait à temps partiel, s'entraînait seul et tenait un journal. En écrivant son journal, il s'est soudain rendu compte que ses souvenirs de la Dimension Z commençaient à s'estomper. Il décida donc d'enregistrer ses expériences et celles des autres membres sur son blog personnel. Inspiré par des commentaires tels que « Est-ce un nouveau roman ? Je meurs d'envie de lire la suite ! », ce qui a commencé comme le journal de voyage de Hong Joong s'est transformé en une histoire détaillée proche d'un récit épique de science-fiction. Le nombre de lecteurs de son blog augmentait de façon exponentielle au fur et à mesure que l'histoire progressait et il ne tarda pas à être contacté par un éditeur. L'histoire de Hong Joong fût publiée sous forme de livre, qui devint un best-seller, et bientôt ses journées furent remplies de rencontres avec les lecteurs, de conférences spéciales et d'apparitions dans divers programmes télévisés.

Au fur et à mesure que Hong Joong devenait un écrivain populaire auprès des jeunes lecteurs grâce à la télévision et aux réseaux sociaux, son histoire, qui racontait comment il rêvait de devenir une idole pour utiliser sa célébrité et retrouver sa famille de longue date, devint également très connue. Il se trouve que la nouvelle célébrité de Hong Joong lui permis de retrouver non pas un, mais deux membres de sa famille perdus de vue depuis longtemps : son père, qui l'avait contacté après l'avoir vu par hasard dans une émission de télévision, et sa mère, qui avait cherché des vidéos sur l'auteur après avoir lu son livre. Son rêve de retrouver sa famille s'était enfin réalisé. La chance et une famille réunie, une carrière dont il pouvait être fier et la célébrité. Hong Joong avait clairement atteint tout ce dont il avait toujours rêvé. Il était béni.

Ce n'est que lorsqu'il quitta la pièce, certain que la porte était complètement fermée derrière lui, que son sourire s'effaça et qu'un profond soupir s'échappa involontairement de lui. Le soupir fut si fort qu'il choqua Hong Joong lui-même. « Qu'est-ce que c'est ? Ce vide... » C'est comme s'il regardait les rideaux se fermer après une représentation spectaculaire. Seul dans cette pièce éclairée par la lune, Hong Joong se dit : « Est-ce ce que je voulais vraiment ? »

02. SEONG HWA

« Ma fille est folle de ce livre, alors je l'ai lu aussi, mais quelle personne saine d’esprit supporterait 40 ans d’études juste pour être un Gardien ? Tout cela semble un peu absurde, vous ne trouvez pas ? » dit le chef des pompiers en jetant un coup d'œil à l'exemplaire du roman de Hong Joong qui se trouvait sur le bureau de Seong Hwa. En regardant l'expression du chef, il était clair qu'il cherchait à obtenir l’approbation de Seong Hwa, mais ce dernier ne savait pas trop quoi répondre.

S'il répondait honnêtement par quelque chose comme « Cela peut vous sembler absurde, mais mes amis et moi étions vraiment là. Nous avons tout vu et tout vécu, en personne », le chef penserait qu'il a perdu la tête. Alors que Seong Hwa réfléchissait à la meilleure façon de répliquer, la sirène retentit.

Pendant longtemps, les souvenirs de toutes les personnes que Seong Hwa n'avait pas réussi à sauver dans la Dimension Z l'avaient hanté. Même si le garçon et son frère avaient volontairement rejoint la cause de ATEEZ, leurs morts, ainsi que celles des membres des Black Pirates et des membres de Thunder qui avaient perdu la vie lors des attaques contre les Gardiens, ainsi que les cadavres des Transgresseurs Émotionnels qui pendaient en guise d'avertissement sur la place, restaient gravés comme une image rémanente dans ses yeux.

Chaque fois qu'il voyait un visage ou une silhouette similaire marchant dans la rue, son cœur se brisait à nouveau. Et à chaque fois, Seong Hwa se souvenait d'elle : La fille qui avait laissé derrière elle le bracelet avec écrit Be Free et qui avait disparu, la cheffe de Thunder. Qu'aurait-elle fait ?

La connaissant, elle lui aurait dit de bouger et de trouver un moyen de se sauver d'abord. Se sauver soi-même est la première étape pour sauver les autres. « D'accord. Alors je vais commencer par me sauver de cette angoisse. » Seong Hwa commença donc à étudier comment sauver les gens dans différentes sortes de crises. Au cours de ses études, il tomba sur des documents destinés aux aspirants pompiers qui se préparaient à l'examen de pompier. Le temps passé à s'entraîner avec les membres devenant moins fréquent, il était tout naturel pour Seong Hwa de passer l'examen. Pour le meilleur ou pour le pire, il réussit. Étudier était assez facile, Seong Hwa avait toujours été de nature méthodique et organisée, et il réussit l'évaluation de la condition physique de sapeurs-pompiers sans problème grâce à ses exercices et à ses séances de danse réguliers.

C'est ainsi que Seong Hwa devint pompier. Le passe-temps qu'il avait commencé à pratiquer pour calmer son anxiété devint son métier. Certes, ce n'était pas son rêve, mais ce n'était pas non plus une raison suffisante pour qu'il y renonce. L'impact de ce travail était clair et réel par rapport aux vagues rêves qu'il partageait avec les membres, et il ne trouvait aucune raison de démissionner. Combattre les flammes et secourir les personnes en détresse était plus gratifiant que ce à quoi il s'attendait. Il ne recevait pas les acclamations et les applaudissements comme lorsqu’il était sur scène, mais à leur place, il était récompensé par la gratitude et les louanges simples et sincères des personnes qu'il sauvait et de leurs familles. Et, grâce à son visage accueillant et à son physique impressionnant, Seong Hwa fut choisi comme modèle pour le calendrier annuel des services d'incendie et de secours. Posant pour l'appareil photo, il se sentait à la fois agréablement nerveux et étrangement vide. Depuis si longtemps, il ne souhaitait rien d'autre que d'être photographié et vu, mais il n'avait jamais pu réaliser ce rêve... Quelle ironie que de pouvoir le faire maintenant, mais seulement en tant que pompier.

Ce jour-là, Seong Hwa retourna à son bureau au service des pompiers et lu le roman de Hong Joong qui se trouvait sur son bureau.

03. YUN HO

Les gens se rassemblèrent autour d'un feu de camp pour écouter le chant de Yun Ho et le son de sa guitare. Les yeux fermés, ils savouraient la mélodie. « Les paroles de la chanson de Yun Ho me rappellent un roman que j'ai lu récemment », fit remarquer l'un des étudiants. Derrière les professeurs et les étudiants blottis près du feu, une tempête de sable faisait rage. Yun Ho était actuellement en Égypte.

Au début, Yun Ho avait fait de son mieux pour assister à toutes les réunions des membres, mais il s'était vite rendu compte qu'il ne serait pas facile de continuer leurs réunions régulières. Dans la Dimension Z, ils étaient des héros. Ce monde était peut-être rempli d'autant de difficultés et d’épreuves, mais les objectifs communs étaient spécifiques et l'ennemi bien défini. Mais en ce qui concernait la Dimension A, ce monde-ci... Il y avait encore des difficultés, mais la source de celles-ci était insaisissable et peu claire. Incertains de l'identité du véritable ennemi, ils avaient parfois l'impression que le monde entier était contre eux, mais pas toujours. Yun Ho s'entraîna dur, passa des auditions et fit des performances de rue, mais au fil des jours, il commença à trouver ce monde encore plus froid que la Dimension Z. Les gens fixaient leur téléphone d'un air apathique, passant rapidement d'une vidéo à l'autre, toujours à la recherche d'un nouveau stimulus rapide. Les sons humains des rires et des pleurs ne pouvaient être entendus que de l'autre côté de ces écrans. Ils dansaient intensément au son de leur musique diffusée haut et fort par un haut-parleur, mais les passants leur accordaient à peine un regard avant de se replonger dans leur téléphone. Les membres étaient décontenancés. Si les passants les avaient regardés sans émotion, comme les habitants de la Dimension Z, cela aurait encore attisé leur passion. Mais ils ne savaient pas comment réagir face à ces gens qui ne s'arrêtaient qu'une seconde ou prenaient une courte vidéo sans écouter leur chanson jusqu'au bout. Non, pour être honnête, cela fait mal. Mais c'est souvent comme ça. Plus on est monté haut, plus la chute est douloureuse.

N'ayant jamais connu une telle douleur, aucun des membres ne fût capable de la reconnaître comme telle, les laissant porter seuls leurs cicatrices. Au fil du temps, Yun Ho se rendit compte qu'il aimait de moins en moins chanter et danser avec les membres. Peut-être que les autres membres ressentaient la même chose, mais il n'avait aucun moyen de le savoir.

Comme ils parlaient de moins en moins de leurs rêves et que la période entre les retrouvailles dans la salle d'entraînement s'allongeait progressivement, les intérêts de Yun Ho commencèrent naturellement à changer. Il tomba par hasard sur le Cromer, dont il pensait qu'il n'existait que dans la Dimension Z, à l'occasion d'une exposition sur la civilisation maya dans la Dimension A. Il fut tout de suite fasciné par ces reliques et vestiges mystérieux. En les voyant, Yun ho était sûr qu'il y avait encore plus de reliques et de secrets quelque part, attendant toujours d'être découverts.

Alors que Yun Ho pénétrait dans l'ancienne pyramide, ses pensées se bousculèrent. Peut-être, juste peut-être, s'il pouvait trouver d'autres artefacts d'un monde au-delà, il pourrait voyager dans une autre dimension et partir à l'aventure avec les membres encore une fois.

04. YEO SANG

Ses employés l'appelaient « jeune et riche », « grand et beau ». Yeo Sang, qui avait bâti sa fortune en investissant dans des actions, avait finalement pu créer sa propre entreprise sans l'aide de son père. Bien qu'il ne veuille pas l'admettre, sa capacité naturelle à lire les flux d'argent lui rappelait son père. La petite start-up dans laquelle il avait généreusement investi était devenue une licorne et, grâce à ses compétences en matière d'investissement, il avait pu transformer la petite entreprise unipersonnelle en une opération de grande envergure en seulement trois ans.

« Vous avez donc étudié la musique classique et c'est ce qui a éveillé votre intérêt pour la musique pop, mais je suis curieux de savoir ce qui vous a poussé à emprunter cette voie. Y a-t-il eu un événement particulier qui vous a inspiré ? » demanda un journaliste du Business Globe à Yeo Sang. « J'ai réalisé que si la cécité est à la fois enchanteresse et noble, elle devient parfois un piège », répondit vaguement Yeo Sang avant de se perdre dans ses pensées.

Après son retour dans ce monde, Yeo Sang avait senti que les membres avaient subtilement, mais définitivement, changé. C'était comme si on réalisait enfin qu'il était temps de lâcher prise après s'être accroché aveuglément à un amour à sens unique pendant si longtemps. Avant de rencontrer les hommes au fedora noir, avant de partir pour la Dimension Z, ils étaient des garçons, et maintenant ils étaient sortis de l'autre côté du tunnel en tant qu'adultes. Ce n'est que lorsqu'il avait pu voir comment les membres avaient changé que Yeo Sang s'était rendu compte qu'il avait lui aussi grandi.

Jusqu'à présent, leur travail et leurs efforts en vue de réaliser leur rêve leur semblaient nobles parce qu'ils acceptaient aveuglément ces rêves comme s'il s'agissait de missions divines qui leur étaient confiées à eux seuls. C’était comme si ces rêves étaient la seule voie possible. Par conséquent, vivre pour autre chose que ces rêves semblait lâche et honteux, comme accepter la défaite, et c'est exactement ce que les membres ont ressenti avant de partir pour la Dimension Z. Ils étaient pris au piège de l'aveuglement.

Cependant, au cours de leur séjour dans la Dimension Z, ils ont appris à quel point les émotions, l'art, les rêves et l'espoir sont précieux et, en même temps, à quel point croire aveuglément peut être terrible. De retour dans ce monde, les membres ont accepté de poursuivre leurs rêves comme ils l'avaient toujours fait, chacun d'entre eux portant dans son cœur la graine de possibilités nouvelles et variées. Yeo Sang le savait et pensait que les membres, consciemment ou non, devaient ressentir la même chose.

Si l'argent peut sembler contraire à l'art, l'art n'existerait pas sans argent. Historiquement, l'art a été créé pour le plaisir des nobles et des aristocrates, et c'est pour protester contre cette vérité que d'autres formes d'art ont vu le jour. L'argent était le principal obstacle à la réalisation du rêve commun du groupe, et Yeo Sang avait décidé de s'y attaquer de front. En peu de temps, il s'était réinventé en tant que leader du monde de l'investissement. Bien qu'il se concentrait la plupart du temps sur les profits sûrs, il lui arrivait d'investir dans l'art, même s'il risquait de perdre de l'argent. L'un de ces investissements était le roman de Hong Joong.

05. SAN

« Ayant grandi en déménageant d'un endroit à l'autre, j'ai toujours rêvé de choisir un endroit et de m’y enraciner. Mais en y repensant maintenant, je pense que mon destin était peut-être de dériver depuis le début. »

Se dit San à lui-même, au milieu du vent salé de Jeju. Les installations du food truck claquaient comme si elles applaudissaient aux paroles de San. Sa peau bronzée laissait paraître combien de temps il avait erré.

Alors qu'il regardait les membres se séparer un par un, San ne pouvait ni les retenir ni se mettre en colère et les laisser. Il n'avait nulle part ailleurs où aller.

Un jour, après un entraînement médiocre, avec plus de la moitié des membres absents puisqu'ils étaient trop occupés par leur propre vie, San se retrouva à flâner dans une ruelle, guidé par son cœur vide. Il s'assit sur un petit banc face à une discrète et vieille échoppe familiale puis ouvrit une canette de bière.

« Comment appelles-tu ce sentiment quand on n'est pas vraiment triste, mais pas vraiment heureux ? Quand tu es triste mais que tu as l'impression que ta misère est presque risible ? » Alors qu'il marmonnait par habitude, il entendit une voix à côté de lui. « Qu'est-ce qu'un jeune comme toi fait ici ? Il ne fait même pas encore nuit. » C'était le vieil homme du stand de snacks de l'autre côté de la rue. Instinctivement, San lui demanda, « Hey Monsieur, ça a toujours été votre rêve de tenir un stand de snacks ? » Le vieil homme sembla s'énerver, rétorquant, « Rêves ? Ah, tu fais ce que tu peux pour mettre de la nourriture sur la table. »

San demanda à nouveau, « Pensez-vous que je peux vivre sans réaliser mes rêves ? » Les yeux du vieil homme croisèrent ceux de San. « Les rêves ne sont pas mauvais, mais il y a plein pleins d’autres choses plus importantes dans la vie. Partager de l'amour, manger ensemble, et réparer ses propres erreurs. Assure-toi de tout jeter dès que tu as terminé. » Après ça, San remarqua le sac noir que le vieil homme lui avait lancé plus tôt. A l'intérieur du sac il y avait un sun-dae frais et un rouleau de kimbap. La vue d'un jeune homme buvant de la bière le ventre vide avait dû l'inquiéter.

Prenant une bouchée du sun-dae, San commença à se parler à lui-même à nouveau. Il décida qu'il voulait en savoir plus à propos de ces autres choses importantes de la vie : « Partager de l'amour, manger ensemble... réparer ses propres erreurs. » Donc, San ouvrit un food truck. En se promenant, il vit des gens manger ensemble et partager de la nourriture délicieuse avec les gens qu'ils aimaient. Et parfois, San mangea et parla même avec eux, aussi. Il rencontra une grande variété de personnes : les rêveurs, les chercheurs de rêves, ceux dont les rêves ont changé ou sont devenus réalité, ceux qui vivent hors de leurs rêves, et ceux qui n'en ont aucun... C'est ainsi qu'il apprit la vérité, la vérité selon laquelle la plupart vivent leur vie sans jamais réaliser leurs rêves. « Alors pourquoi personne ne nous a jamais appris à vivre en dehors de nos rêves ? » Pensa San. Et il en arriva à sa propre réponse. Peut-être dois-je apprendre à accueillir la réalité qui m'a été donnée, même si ce n'est pas la réalité que j'ai souhaitée.

06. MIN GI

À notre époque, on disait qu'il était impossible de réussir si l'on n'était pas né avec la chance dès le départ, mais Min Gi avait prouvé qu'ils avaient tort. En se rendant à la salle d'entraînement, il avait été repéré dans la rue par un styliste réputé et, en peu de temps, il avait fait ses débuts dans un magazine de mode en tant que mannequin professionnel. Min Gi, qui était dans une situation difficile à l'époque, n'y voyait qu'un emploi lucratif à temps partiel, mais cette publication dans un magazine avait rapidement attiré l'attention de marques célèbres et avait fait de lui un mannequin très demandé. Il avait appris à marcher sur la piste aussi facilement que s'il s'agissait d'une nouvelle danse. Bientôt, il défila pour les plus grandes marques, fit la couverture de l'un des quatre plus grands magazines de mode du monde et travailla comme ambassadeur officiel d'une marque mondiale qui l'avait appelé sa muse. Les rues étaient remplies de publicités et de vidéos avec Min Gi comme modèle.

Alors que son van roulait sur la route décorée de ses photos, Min Gi tenant un hamburger, Min Gi posant pour des cosmétiques, Min Gi dans les nouveaux vêtements à la mode, Min Gi était une fois de plus préoccupé par ses réseaux sociaux. Il postait la photo qu'il venait de prendre à Garosu-gil tout en passant à son activité suivante. Alors que le monde de la mode commençait à s'intéresser à Min Gi, ses looks du jour étaient déjà très populaires sur les réseaux sociaux. Ses photos et son style unique, qui donnaient l'impression que les tenues bon marché étaient des produits de luxe, étaient très appréciées des hommes, qui s'en inspiraient pour leurs tenues de rendez-vous galants, et parmi les femmes comme des photos de petit-copain à l'allure candide et cool. Min Gi s'était forgé une réputation d'influenceur. Chaque publication sur les réseaux sociaux s'accompagnait de milliers, voire de millions de j’aime et de commentaires idiots tels que « Tu es trop cool ! », « Savez-vous quel est le MBTI de Min Gi ? I.C.O.N.E. ». Juste à ce moment-là, une autre notification apparut parmi les autres : il venait de recevoir son salaire pour le tournage publicitaire du mois dernier. Dès le premier coup d'œil, il pouvait dire qu'il s'agissait d'une grosse somme d'argent. Min Gi était désormais si riche que ses difficultés passées liées à la pauvreté lui semblaient appartenir à une autre époque. Par-dessus tout, Min Gi était heureux de ne plus avoir à s'inquiéter des factures d'hôpital de sa grand-mère. Il n’était peut-être pas une idole, mais être une icône comme celle-ci lui suffisait.

Min Gi se rendit compte à quel point sa vision du monde avait été étroite et limitée. « Oui, tout va bien maintenant », se dit-il en regardant par la fenêtre du van. Son regard fut attiré par un groupe de garçons qui performaient dans la rue. Les garçons, qui dansaient et chantaient maladroitement mais passionnément, se regardaient dans les yeux et riaient à chaque mouvement. Min Gi était hypnotisé par le groupe et le regardait fixement, le regard vide. Lorsque le feu rouge passa au vert et que la voiture redémarra, les garçons disparurent au loin. À ce moment-là, Min Gi fut envahi par le sentiment d'avoir traversé une rivière qu'il ne pourrait plus jamais franchir.

De l'autre côté de cette rivière, il y avait ces moments qu'il avait passés à courir avec insouciance et passion vers ses rêves, ces moments où il importait peu que quelqu'un le reconnaisse, et où il était suffisant de simplement s’amuser. L'endroit où se trouvait maintenant Min Gi était un lieu où les résultats et les réalisations l'emportaient sur la passion et l'esprit, un lieu où la valeur pouvait être achetée et vendue. Tandis que Min Gi se demandait si « c’était ça, devenir adulte », il ne peut effacer le vague sentiment de nostalgie qui l'habitait. Alors qu'il ouvrait ses réseaux sociaux pour se distraire, une vidéo des retrouvailles de Hong Joong avec sa famille apparut sur son fil d'actualité.

07. WOO YOUNG

Si vous lui demandiez pourquoi il a choisi de devenir steward par-dessus tout, Woo Young répondrait par ça:

Un ami de ma ville natale a dit un jour en étant ivre, « La scène est-elle vraiment spéciale ? La classe d'un professeur pourrait être sa scène... Le vieil homme annonçant les soldes au supermarché est sur scène... Tout comme les stewards qui font des présentations sur les gilets de sauvetage d'urgence ! Les idoles et les acteurs ne sont pas les seuls à donner des performances sur scène ! » Ces mots m'ont marqué et avant que je m'en rende compte, je m'étais inscrit à une formation de steward.

Et, si vous le traitiez de fou, il vous répondrait : « Et si je le suis ?! » À bien des égards, Woo Young n’avait pas les idées claires à l’époque. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il voulait avoir sa scène à lui seul, à ce moment précis. Peu importe où.

Peut-être que c'était une sorte d'effet secondaire post-voyage. Utiliser le Cromer pour combattre Z et les Gardiens, se déplacer et performer constamment, ces jours les avaient remplis d’une poussée de dopamine et d’adrénaline. Bien sûr, ces performances se sont accompagnées d’épreuves et faisaient partie d’une plus grande révolution, mais une performance est une performance quelle qu’en soit la cause. Le trac de Woo Young était toujours suivi d'une vague d'excitation qui lui injectait de l'énergie dans les nerfs, à tel point qu'il se retrouvait souvent à se demander : « Était-ce vraiment le trac ? »

Mais en revenant dans la Dimension A, cette excitation disparut, et un sentiment imminent d’anxiété commença à prendre sa place. C'était comme s'il avait terminé un jeu immersif et qu'il devait maintenant, en éteignant la console, revenir à la réalité. Bien que Woo Young et les membres aient essayé de faire ce qu'ils pouvaient, ils ne seraient jamais capables de performer comme ils l'avaient fait en tant qu'ATEEZ dans la Dimension Z. Se créer une scène n'était pas si facile ici. Juste au moment où Woo Young avait l’impression qu’il ne monterait plus jamais sur scène, son ami ivre lui offrit ces mots de réconfort.

En tant que personne qui déteste les conflits et préfère maintenir la paix, Woo Young était bien adapté à son travail de steward. Son visage apaisant et agréable s'accordait parfaitement avec son uniforme et il mettait les passagers à l'aise en les accueillant avec un air sophistiqué. Pendant que l'avion se préparait au décollage, les stewards se déplaçaient vers les positions qui leur étaient assignées et montraient comment porter la ceinture de sécurité, les respirateurs et les gilets de sauvetage conformément à l'annonce, mais les passagers y prêtaient rarement attention. Pour remédier à cela, la compagnie aérienne de Woo Young avait prévu un nouveau style d'annonce ressemblant davantage à un événement, et Woo Young se porta volontaire pour la diriger à la place de l'annonce habituelle, une mélodie excitante jouée dans les haut-parleurs. Les passagers qui dormaient ou regardaient des films se tournèrent et regardèrent avec intérêt Woo Young et l’équipe debout dans l’allée.

Avec une facilité à pratiquer, Woo Young fit les annonces, y compris la destination et l'heure du vol, à travers le chant, le rap et la danse. Lorsque les annonces furent terminées, les passagers applaudirent à tout rompre. « Exactement ! C'est pour ça que je suis fait ! » Pensa Woo Young avec un sourire éclatant. Les yeux de Woo Young furent attirés par quelques personnes dans la foule qui acclamèrent et applaudirent plus fort que les autres.

Il se trouva que Yun Ho et Min Gi étaient exactement dans le même avion.

08. JONG HO

Tout en enregistrant des guides vocaux à temps partiel, Jong Ho commença à étudier seul l'écriture et la composition musicale et passa ses journées à créer des chansons originales.

Au début, il écrivait des chansons que les membres pouvaient enregistrer et répéter ensemble, mais à mesure que tout le monde était occupé, il devenait de plus en plus difficile de travailler ensemble en groupe. Pour son confort, Jong Ho commença à écrire des chansons en solo, et lorsque devenir une idol avec les membres ne semblait plus réalisable, il se tourna vers la voie d'auteur-compositeur-interprète.

Jong Ho avait déjà abandonné un rêve à cause d'une blessure, son rêve de devenir basketteur. Il ne supportait pas d'en perdre un autre.

Il avait publié les chansons qu'il avait créées sur MusicCloud, lorsqu'un grand label de musique le contacta, impressionné par les chansons de Jong Ho. « Est-ce que je pourrai enfin faire mes débuts en tant que chanteur ? »

Jong Ho était excité, mais il s'avéra que le label était intéressé par une vieille chanson du groupe qu'il avait mise en ligne il y a longtemps, une chanson qu'il avait enregistrée avec les membres, et voulait qu'il écrive un morceau pour leur prochain groupe d'idols. Même s'il s'agissait d'une victoire douce-amère, Jong Ho n'avait aucune raison de refuser leur offre. Il pourrait enfin faire de la musique sa carrière et être reconnu pour son travail acharné. Alors que Jong Ho commença comme auteur-compositeur, il ne fallut pas longtemps avant qu'on lui confie également les rôles de coach vocal et de producteur d'idols. Il n’était ni une idole ni un auteur-compositeur-interprète, mais il était satisfait. Il travaillait aux côtés d’idols et d’auteurs-compositeurs-interprètes et ça lui suffisait. Il avait trouvé un moyen de continuer à travailler dans la musique. Même si Jong Ho n’était plus celui qui se tenait sous les projecteurs, il était prêt à devenir l’obscurité profonde qui faisait briller davantage ceux qui étaient sur scène.

Un jour, alors qu'ils enregistraient avec un groupe d'idols de deuxième année, une dispute éclata. Ce qui commença avec les plaintes d'un membre : « Je suis fatigué. Je ne peux plus faire ça », dégénéra rapidement en combat à part entière malgré tous les efforts de Jong Ho pour désamorcer la situation. « Hey ! Si tu devais abandonner ton rêve comme ça, tu n'aurais pas dû commencer dès le début ! » a crié un autre membre. Cela énerva le premier garçon encore plus et il attrapa le membre par le col, lui crachant en retour : « Que sais-tu ? Nous sommes peut-être coincés ensemble tous les jours, mais n'agis pas comme si tu me connaissais ! » Jong Ho intervint et sépara les garçons avant que le combat ne devienne physique, leur donnant à chacun le temps de se calmer. Le garçon qui s'était plaint fondit en larmes et pleura : « Je ne peux pas tout vous dire, mais ma famille traverse une période très difficile en ce moment, et être loin d'eux comme ça fait tellement mal. » Jong Ho fit de son mieux pour réconforter et sympathiser avec le garçon en détresse.

Il se souvint d'une époque où Min Gi avait menacé d'arrêter, Jong Ho s'était mis tellement en colère qu'il l'avait frappé en retour. « J'étais si jeune et égoïste à l'époque », pensa Jong Ho. « Comment va tout le monde ? » Jong Ho se rappela des autres membres. Assit dans le studio d'enregistrement vide, il mit cette vieille chanson du groupe et augmenta le volume. Le son des voix des membres lui transperça le cœur.